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Je déclare la bienveillance comme mot le plus important de l’année. On parle souvent des livres qui ébranlent, de ceux qui choquent mais j’aimerais vous présenter en ce début d'année trois livres dont l’intention est d’aider le lecteur de tous âges à se sentir mieux.


Le premier est absolument craquant : Ping : Ping petit, Ping grand, mais Ping! d’Ani Castillo. Il a pour thème les interactions sociales, montre comment avoir des attentes réalistes et incite à s’ouvrir aux autres, à partir de 3 ans.


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Avec un principe d’une clarté désarmante, le lancer de la balle au ping pong, l’autrice présente comment débuter les relations avec autrui. Le lancer (ping) devient parole, geste, création ou tout autre moyens de toucher l’autre, le pong comment l’autre personne sera touchée.

Si je souris, c'est mon ping. L’autre peut faire de même ou pas : c'est son pong. Le pong dépend de l'autre ou des autres.

Si on veut recevoir beaucoup de pongs il faut donner beaucoup de pings. Mais on ne peut jamais être certain de la réponse. La métaphore du jeu est libératrice et stimulante.

Le petit personnage en rouge est attachant et figure très bien le jeu.


Le deuxième titre est l’un de mes préférés malgré son air un peu tristounet. Et moi, que pourrais-je faire? de José Campanari. Il aborde le sujet de l’anxiété face aux mauvaises nouvelles et propose même un moyen d’aller mieux en aidant son entourage, à partir de 5 ans.


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M. Untel est de plus en plus préoccupé par les mauvaises nouvelles qui prennent toute la place dans sa vie. L’illustration montre des mots qui s’accumulent sur le personnage, l’empêchant de manger, de dormir. (et oui, c’est dans le temps où on l’on lisait des journaux papier!)

Jusqu’à ce que la petite phrase “Et moi, que pourrais-je faire?” s’échappe de sa langue et qu’elle soit attrapée par une voisine qui a besoin d’aide pour aller porter son enfant malade à l’hôpital, par un homme dans le besoin qui a faim. M. Untel se rend compte qu’à chaque fois qu’il ouvre la bouche, quelqu’un lui répond.

Un moyen simple de combattre la morosité ambiante: en faisant le bien autour de de soi.


Enfin, l’album destiné en premier aux adolescents, mais qui peut être présenté et lu sans modération à tous âges: C'est quoi l'amour? de Lucile de Pesloüan et illustré par Geneviève Darling.


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C’est le troisième album de ce duo d’autrices qui n’a pas peur de s’attaquer à des sujets controversés et essentiels. Par des citations, des témoignages Lucile de Pesloüan illustre plusieurs formes d’amour et le propose comme outil de changement social.

L’amour non seulement dans les relations amoureuses, mais l’amour qui nous relie à nous-mêmes et aux autres. Les images formidables de Geneviève Darling ont quelque chose du pamphlet, les visages diversifiés et souvent en gros plan, sont d’une étonnante force et d’une grande douceur à la fois.


Et vous, quel livre vous a aidé cette année ?

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Durant les Fêtes, même confinée, j’ai bien l’intention de manger! Pas question pour moi de vous proposer ici des livres de recettes, mais plutôt de réfléchir ici sur la provenance de notre nourriture.


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La lecture de l’essai en bande dessinée Comment (et pourquoi) je suis devenue végane d’Eve Marie Gingras paru chez Ecosociété m’a donné envie de mieux comprendre de rapport que l’on entretien avec les animaux.

L’autrice raconte sa prise de conscience, lors de la préparation d’un repas que ce qu’elle s’apprêtait à cuisiner était en fait un animal mort. Dans un style très pédagogique, elle nous pousse à réfléchir sur les conséquences de notre consommation des produits tirés des animaux.


Je me suis demandée ensuite comment étant agriculteur et vivant à proximité des animaux, l’on pouvait supporter de devoir faire abattre les bêtes que l’on a soigné et nourrit quotidiennement.


J’avais déjà lu l’excellente série de mangas autobiographique Nobles paysans d’Hiromu Arakawa qui raconte sa jeunesse dans une ferme d’Hokkaido (son père impressionne par ses capacités de régénération après de violentes blessures!) et j’ai débuté avec enthousiasme la série Silver spoon qui l’a rendue célèbre.

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Dans ce shonen, la quête ne consiste pas à accomplir des exploits fantastiques, mais plutôt à se lever à 4h du matin pour abattre un boulot physiquement exigeant.

On y suit Yugo, jeune citadin qui choisi le l’école d’agriculture d’Ohezo pour fuir la pression des études. Il y découvrira (et nous aussi par la même occasion) le quotidien des agriculteurs et le rapport sensible que les éleveurs ont avec leurs bêtes. Même s’il raffole du bacon (il va même en produire), Yugo et ses camarades réfléchissent sur le moyen d’améliorer le bien-être des porcs.

L’autrice a un talent incroyable pour expliciter plein d’aspects assez complexes de la science agricole tout en maîtrisant l’art de raconter une bonne histoire.


Et je voudrais terminer par un album (pour les adultes) absolument magnifique et étrange qui vient de sortir en librairie: Le supplice de la banane.

Attention cœurs sensibles, la langue y est belle mais très évocatrice. On y raconte en utilisant le vocabulaire du crime, la lente agonie des fruits et légumes que vous cuisinez…et leur revanche. À voir ou à offrir à Noël.


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Amélie Dumoulin a le pouvoir magique de surprendre ses lecteurs. Ses écrits souvent déboussolent, brassent nos attentes. C’est ce que j’aime de la littérature inspirée.

Pipo ne fait pas exception. C’est un roman étonnant, un lointain cousin des aventures de Fifi Brindacier.

Il est magnifiquement illustré par Todd Stewart auteur de l’album Quand le vent souffle. On reconnait le caractère des personnages dans les illustrations, on y apprend leur force comme leurs défauts. Les petits traits rassemblés donnent un air de gravure à ce conte, comme l’absence de chapitres. Le livres comporte des petites sections titrées de petites pauses dans la grande aventure.

Le cadre du livre, urbain, est surplombé d’un mont (celui là aveugle) et voisin de raffineries. Je ne vous présenterai pas ici le personnage homonyme, je vous invite à la rencontrer.

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Roman d’accumulation, les voix s’y  superposent, celle de l’auteure commentant la narration, des scènes reconstituées, comme celle de l’abandon du père. Mais surtout des adresses directes aux lecteurs que la narratrice ne laisse pas tranquille:

“Maintenant imagine. Imagine que c’est toi, que tu fais ça, pour de vrai. Un après-midi, tu remplis un sac à dos avec de la nourriture, une gourde d’eau, un chandail chaud. […] Imagine les crampes au ventre lorsque tu sors de chez toi et que tu observes de haut la ville. comme un labyrinthe fou qui veut t’engloutir. […] C’est ce que j’aime dans les livres, ce sont les autres qui font tout ça à ma place !” 181

Encombré d’objets qui ressemblent à des déchets, chaque chose trouvera sa place, une place autre bien sûr que celle que l’on se serait imaginée.

“Je suis certaine que les objets ont un sens dans nos histoires, Madame Néon, et je sais que vous trouverez bientôt le sens pour tous ses tubes lumineux que vous collectionnez. En tout cas, moi, je les adore, vos lumières. C’est comme de la musique, mais de la musique pour les yeux.” (210)

Comme dans ses autres œuvres, Amélie Dumoulin suscite la magie du quotidien et nous laisse comme un goût de bonté avec les humains, tous les humains, même ceux qui ne le méritent pas.

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En cette journée de congé, on vous prescrit la lecture suivante : Un parfum de fausses nouvelles de Pierre-Alexandre Bonin.

http://montreal.pretnumerique.ca/resources/5e7a318d2357943e01ec101f

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Un suspens près des dilemmes actuels des médias: Félix est très déçu que ses articles de fond attirent moins l’attention que les potins dans le journal étudiant de son école. Il ouvre alors une chaîne Youtube par laquelle il diffuse de fausses nouvelles scandaleuses, affublé d’un masque de zèbre qui cache son identité. Le succès est immédiat, mais sa nouvelle popularité virtuelle risque de porter atteinte à des personnes qu’il estime. Comment faire pour réparer ses torts ?

Félix n’a rien d’un héros parfait : ce que j’aime bien de ce récit c’est qu’il expose dans les détails son questionnement sans être didactique et avec un vrai suspens.

La présentation matérielle dynamique de ce titre de la collection zèbre élaborée par le duo Kuizin soutient l’intérêt. Un mélange de simili contenu virtuel, de journal et de bandes dessinée.

Et si vous voulez devenir un chercheur de Fake news voici un aide-mémoire diffusé par l’IFLA qui peut vous aider.


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À l’heure où une compagnie à sourire fait des profits monstres, je crois qu’il est opportun de vous partager un de mes coups de cœur québécois de l’an dernier.

Neuro de François Gravel est un roman dont le narrateur s’appelle Louis. Ce récit c'est son projet pour comprendre les émotions. Louis a été vendu par ses parents à la Société (entreprise qui n’est jamais nommée).

Il a une intelligence particulière, un don qui lui permet de compter très rapidement, plus vite qu'un ordinateur, en voyant les chiffres en couleurs.

Louis est logé par la Société. Il y côtoie Nathan et les jumelles Chloé et Maude qui ont aussi des capacités de calcul phénoménales. Ensemble, ils forment le projet de s’évader.

Louis écrit sans ponctuation (sauf les points), dans un flot ininterrompu de mots. On n'a pas le choix de se laisser happer par ce récit qui semble se dérouler dans un monde pas très éloigné du nôtre.

Plus on en apprend sur cette Société plus elle paraît proche de certaines multinationales actuelles qui font fi du bien-être des leurs consommateurs. Un livre accessible et troublant, à mettre entre les mains des amateurs de dystopies.


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Et si vous avez envie d’en connaître plus sur ce type d’entreprise, voici une bande dessinée qui pourrait vous plaire. Bonne lecture !


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