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Je ne suis pas une outarde, de Sébastien Gagnon, Édition Bayard Canada

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Un récit psychologique haletant qui met en vedette le cadavre noyé de Sierra, une adolescente dont on découvre le destin tragique dans les bois, au Lac St-Jean.

Un récit court, fragmenté, j’ai été été captivée par cette histoire raconté au "je" qui présente une jeune femme à la fois frondeuse et fragile et dont la langue inventive surprend les lecteurs à chaque page.


“Dur à croire, mais j’ai déjà été une petite fille naïve,

avant de connaître les difficultés hormonales et familiales.

Et avant d’être cette ado géniale et endurcie

que tu commences à découvrir,

je pensais que tout le monde, une fois passé l’asphalte, était fin.

Imbécile, mais fin.

Ce n’est pas le cas.


C’est donc pour des raison mûrement réfléchies

qu’on garde dans un état lamentable la trail qui mène à notre camp.

Le chemin est défoncé, caillouteux, branchu.

Tout sauf invitant.” (p. 21)

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Cette première neige est l’occasion de redécouvrir un magnifique album pour commencer à se mettre dans l’ambiance des Fêtes.

Soda mousse : un Noël pétillant, écrit par Mélanie Jannard, et illustré par Agathe Bray-Bourret, aux Éditions La Bagnole.


Ce livre nous plonge dans l’univers festif de Richard, un homme-enfant.

Nous sommes à la veille de Noël.  Son amie, Madame Petits-Plats, lui a interdit d'ouvrir son cadeau avant minuit. Il doit donc passer le temps et décide de sortir chercher du soda mousse à partager avec son ami bonhomme de neige.


Richard fête Noël seul, mais est entouré de tout un village où il se sent bien.

"Il ne pensait pas croiser sur son chemin autant de personnes qu'il aime bien!

Malgré la température hivernale, une chaleur s'installe confortablement à l'intérieur de lui." (p.31)


On vit avec Richard sa joie immédiate.

La musicalité des phrases, simples, rythme et transmet la frénésie de l'attente.

Richard doit patienter avant d'ouvrir son cadeau. Et quand le moment est finalement venu:


"Essoufflé, il se rappelle que la fête est loin d'être terminée.


-Mon cadeau! C'est sûrement l'heure de le déballer!


Il commence par enlever l'immense chou

pour se le mettre sur la tête. Son public est en délire !

Puis il déchire l'emballage frénétiquement.

Plus besoin de se retenir!"


J’ai été éblouie par les illustrations naïves et gracieuses, à la gouache et au feutre qui donnent vie à ce récit.

Les petits détails qui pullulent dans les pages font à la fois rire et émeuvent.

On trouvera dans les multiples références, une profondeur qui parlera aussi aux adultes.


Richard recevra de son amie le cadeau parfait: celui que je vous invite à découvrir par la lecture.

Soda Mousse: un Noël pétillantdeviendra sans aucun doute un incontournable des albums de Noël par sa singularité et le bonheur qu'il procure.


Psitt: l’autrice fera la lecture de son livre à la bibliothèque Hochelaga le vendredi 10 décembre à 18h. Pour plus d’information, appelez à la bibliothèque.

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Je ne m’en cacherai pas, je suis une fan de la critique Sophie Van der Linden (je vous invite d’ailleurs à consulter son blogue:  https://www.svdl.fr/svdl/)

Elle avait publié il y a déjà dix ans un ouvrage essentiel “Je cherche un livre pour enfant de la naissance à 7 ans” qui est une mine d’or pour qui a besoin de suggestions de livres.

Son plus récent titre: Tout sur la littérature jeunesse de la petite enfance aux jeunes adultes offre un panorama pratique sur le sujet: des suggestions récentes comme classiques, mais aussi les caractéristiques et les grands enjeux de cette littérature,

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Elle sait parler intelligemment et de manière accessible de la littérature jeunesse.

J’y ai appris entre autres que contrairement à la croyance populaire, les bébés discernent très tôt les couleurs (dès le deuxième mois de la vie). Par contre, les livres offrant de forts contrastes en noir et blanc aident à éduquer l’œil des petits à ce mode de figuration. (par exemple les albums de la photographe Tana Hoban)


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La double page sur le manga expliqué aux adultes (qui n’en lisent pas, ne généralisons pas) est aussi essentielle: on y présente les caractéristiques essentielles: le sens de lecture, mais aussi les choix typographiques qui font sens, l’importance des sons et la lisibilité des émotions. (p. 120-121)


De nombreux témoignages de parents, de jeunes lecteurs et de professionnels du livre étayent aussi l’ouvrage. Bref, c’est un magnifique cadeau à s’offrir!

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Deux lectures émouvantes comme ce printemps, qui construisent avec le sujet de l’anxiété des rêves de bouleversements.

Temps libre de Mélanie Leclerc, autofiction en bande dessinée parue chez Mécanique générale et Trash anxieuse de Sarah Lalonde récit poétique paru chez Leméac jeunesse.


Temps libre c’est l’histoire en images et en mots d’une femme, mère de trois enfant, commis de bibliothèque à temps partiel et cinéaste à temps perdu. Une artiste qui tente de raconter les fragments de la vie qui habite sa marraine atteinte d’Alzheimer, tout en soutenant à bout de bras sa mère malade du cancer et sa petite tribu, sa famille, remplie de vie et de besoins.


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On y trouve de magnifiques pleines pages qui montrent le poids de la neige sur un arbre pour illustrer le poids des rêves difficiles à soutenir. Le visage fragmentée de la marraine, par des pièces de casse-tête, comme les mots qui s’échappent de sa tête et la paranoïa qui s’installe. De belles analogies entre les points de suture de sa mère, qui a accepté une opération et la courtepointe qu’elle termine, symbole de toutes ces miettes arrachées au temps qui passe. Et tout ces bouts du film que l’on imagine en construction, ces traverses d’autoroute où l’on imagine les neurones d’entrechoquer, ces accumulations de livres partout.

Mais surtout l’humanité, l’adresse dans les dialogues pour faire exister tout ces êtres de papier.


Trash anxieuse, raconte avec des mots qui créent des images fortes, l’histoire d’une adolescente aux prises avec des crises de panique reliées à l’éco-anxiété autant qu’aux chavirements de son quotidien.


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J’aime la crudité avec laquelle l’autrice brasse le quotidien, exhibe ses blessures pour construire sa réalité.

“J’me suis écroulée. Avec personne pour m’rattraper. Ma tête froide fracturée sur le sol en béton où s’égrainaient en miettes les battements de mon cœur.” (p.10)

Ses parents se séparent, sa mère a une nouvelle amoureuse, son père est en dépression. Elle fait de nouvelles rencontres, flirt avec le militantisme mais toujours avec une forte affirmation de ce en quoi elle croit, ou pas.

“Dans la vie, j’ai souvent de la misère à déterminer qui a raison, mais je défais ma main de la sienne. Mon non-verbal prend position.” (p.89)


C’est le monde qui la secoue qui la forme et la fait réagir.

“Une broderie de tissus dans une clôture Frost rouillée s’adresse directement à moi Tu ne t’es pas perdue, tu cherches.

Ce que je lis, j’aurais aimé l’écrire” (p. 124)


C’est vivant, bouleversant, un électrochoc plus que bienvenue en ces temps essoufflés.

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Par ces belles journées glaciales, c’est agréable de s’embarquer dans un long récit en bande dessinée, bien emmitouflés sous la couette. J’ai des propositions de voyages pour vous.

Le premier est une quête fantastique, inspirée de la mythologie finlandaise. Un rêve de renard de Minna Sunberg. C’est un webcomic publié entre 2011 et 2013. Il est possible de le lire en ligne en anglais ici, mais c’est tellement plus agréable de tenir un livre entre les mains. (surtout lorsqu’il est aussi beau!)

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Dans cette histoire, Bébé-renard fait gaffe par dessus gaffe. Afin d’échapper au courroux des autres animaux, il enferme les habitants d’un village dans une bulle magique.

L’on suit alors le jeune Hannu Vitanen et son chien Ville qui se soumettent à des épreuves afin de réussir à sortir de cette bulle.

Le récit initiatique est un peu répétitif puisque Hannu doit remettre une amulette à tous les chefs de groupe de son village. Son chien se transforme au début de chaque chapitre en un nouvel animal et il doivent combattre une créature fantastique (poisson géant, élan ou corbeaux malfaisants). Mais c’est surtout un prétexte pour découvrir un univers mythologique qui m’était inconnu.

Les illustrations sont dynamiques et rendent bien l’adrénaline des combats spectaculaires dans un décor hivernal magnifique.


La seconde bande dessinée fantastique qui a retenu mon attention est Le serment des lampionsde Ryan Andrews. On apprend en quatrième de couverture que cet auteur américain est bien établi maintenant au Japon et à plusieurs reprises ce récit m’a fait pensé au Voyage de Chihiro, tant par le type de quête que par la présence de certains personnages.

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L’idée de départ est qu’un groupe de jeunes partent chaque année à vélo la nuit pour suivre des lampions qu’ils jettent allumés à la rivière. Selon la légende les lampions s’envolent pour créer les étoiles de la Voie lactée.


Seul Nathaniel et Ben tiendront leur promesse de ne jamais faire demi-tour et de ne pas regarder en arrière, ce qui leur donnera l’occasion de se dépasser et de donner un souffle à leur amitié bancale. Ils rencontrerons aussi Madame Majestic et son laboratoire ainsi qu’un grand ours blanc pêcheur d’étoiles. Ces personnages les aideront ou pas, selon leur propre intérêt.


Le dessin feutré de cette bande dessinée, ne cède en rien à l’action et rend vivants de formidable lieux mystérieux comme une forêt sauvage, une mer en colère ou le terrarium de la sorcière. Les couleurs traitées souvent en bichromie, nous plongent avec délicatesse dans les sentiments et dans l’ambiance de l’aventure.


Et terminer cette proposition au voyage, un dernier récit pour les adultes, qui marie réalisme autobiographique et fantastique, Bus de nuit de Zuo Ma.

L’autobus de nuit est une occasion de plonger dans ses souvenirs et peurs tout en nous faisans découvrir des créatures vivant dans la forêt, à la lisère des villages et issues de la culture traditionnelle chinoise .

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Espérons que le printemps tarde encore un peu pour nous laisser profiter de ces lectures qui demandent du temps.