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J’ai lu coup sur coup, dans les dernière semaines, des romans qui m’ont secouée. Dans les deux, le narrateur interpelle directement le lecteur. Le premier par des lettres adressées à l’objet de son amour; dans le deuxième, sous la forme d’un témoignage. 

Le premier est de Simon Boulerice, dont j’ai souvent parlé ici. L’enfant mascara
Leticia, 14 ans, est follement amoureuse de Brandon qui ne l’aime pas. Ça pourra être vraiment banal comme histoire, mais le problème est que Leticia est née Larry et que l’objet de son amour est hétérosexuel. Et ça va mal se terminer bien sûr, on le sait dès le départ : Leticia sera abattue dans son école secondaire d’Oxnard, en Californie.
La force de ce roman, c’est la fulgurance de Leticia. Un personnage sûr de ce qu’il est, malgré les apparences, avec une force de caractère incroyable, une légèreté et un amour démesuré (frôlant l’obsession).
Simon Boulerice fait le choix d’ancrer son personnage dans un contexte québécois. Les lecteurs de Les garçons courent plus vite, de Paysage aux néons et de ses romans adultes reconnaîtront ainsi des traits caractéristiques des personnages (Leticia adore chanter!) Au final, la Californie s’efface et devient universelle devant cette tragédie.

 

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Mon second bouleversement a été le livre Nous : après eux de Patrick Isabelle.

Dans les récits d’intimidation, l’histoire se termine souvent à la tragédie. Rares sont les ouvrages qui nous font voir l’autre côté. On accompagne ici le narrateur de « Eux » qui est incarcéré dans un centre jeunesse pour son crime.

Malgré la solitude et l’extrême violence qui y règne, on est happé par le rythme des phrases qui martèlent, emportés aussi par l’empathie que l’on doit à cet adolescent.

« Le monstre qu’il croyait avoir fait disparaître demeurait bien vivant à l’intérieur de moi. Il attendait. Le centre l’avait entretenu soigneusement. Je savais qu’il était là, même si je réussissais à l’ignorer en général. Je portais ma dépression comme une médaille, persuadée qu’elle me donnait l’air cool. La tête haute. Je gardais la tête haute. Le regard froid. J’étais au dessus de mes affaires. Supérieur. (p.102)

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Bon, maintenant je crois que je suis dûe pour une œuvre plus légère, vous avez des suggestions ?

Commentaires

Comment by La chouette

J'aimais les écrits de Simon Boulerice jusqu'à ce que j'assiste au Festival du jamais lu à une lecture complètement déjantée de Éric n'est pas beau. Depuis, J'AIIIMEEE Simon Boulerice.

Une lecture plus légère, ben... te proposer Olivette, ou le secret des murs d'une certaine blogueuse serait-il déplacée? ;)