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Pour clore le volet sur les albums de comptines, je vous propose quelques titres.

Chats mélangés, Valérie Strullu, éditions Âne bâté.



Voici un livre des éditions Âne bâté, une maison à découvrir pour l'originalité et l'audace de leurs oeuvres. Chats mélangés n'est pas un album de comptines proprement dit, mais il est l'exemple même que la musicalité de certains textes nous permet de les lire en chantant. Cet album propose des chats à la bouille sympathique et aux couleurs franches sur un fond noir. Le récit est simple: un chat rouge dévore une souris jaune et se transforme en un chat aussi orange qu'une carotte. Un chat noir grignote une souris blanche et devient gris, tout gris souris... et ainsi de suite. La fin touche les petits, mais la 4e de couverture nous réserve une surprise.

Le fermier dans son pré, Charlotte Mollet, Didier jeunesse, collection pirouette.



Cette deuxième proposition se retrouve presque à tous les coups dans mon sac à dos. Cette comptine du répertoire français nous est peut-être moins familière au Québec, mais rien n'empêche d'écouter une version sur youtube pour se familiariser avec l'air (oui, je vous réfère vraiment à youtube). Dès que nous tenons ce livre entre les mains, nous avons l'impression de franchir les portes d'un magasin de bonbons acidulés et multicolores. Les personnages ne sont que de grosses taches colorées, semblables à des rondelles de gouache. Charlotte Mollet nous propose un univers surprenant qui ne fait pas toujours l'unanimité au premier coup d'oeil, mais qui, une fois la comptine entamée, nous gagne peu à peu. Lors de mes animations, j'aime bien demander aux parents de claquer des doigts. De cette façon, nous créons, ensemble, un univers sonore intéressant. De plus, cela favorise une complicité avec le groupe et un dynamisme nouveau. Certains s'arrêtent en cours de route (ce n'est pas toujours évident de claquer des doigts), alors que les plus tenaces se rendent jusqu'à la fin de la comptine.


Chansons drôles, chansons folles
, Henriette Major, Fides.



Qu'en est-il des créations québécoises? Bien que les albums de comptines québécois ne soient pas si présents, ils ne sont pas inexistants non plus. Je ne dévoilerai sûrement rien de nouveau en vous présentant les recueils d'Henriette Major, mais impossible de passer à côté. Ce livre propose une trentaine de chansons regroupées sous quatre thèmes. Certaines sont plus connues, alors que d'autres non, mais chacune est accompagnée de sa petite histoire. Par exemple, la chanson Sur la route de Berthier s'intitulait d'abord Sur la route de Louviers,une ville française située près de Rouen. Lorsque les colons voyagèrent de France vers la Nouvelle-France, ils décidèrent d'adapter les paroles à leur nouvelle réalité.

Le petit chien de laine, Lionel Daunais, La montagne secrète.



Encore une fois, La montagne secrète est une maison d'éditions québécoise à découvrir, surtout si on s'intéresse à la chanson mis en texte et en images. Le petit chien de laine est une création de Lionel Daunais, tour à tour, chanteur d'opéra, compositeur de chansons et metteur en scène. Bien que le petit chien connaisse une fin tragique, la version illustrée par Marie Lafrance vient adoucir le tout sans pour autant édulcorer le propos.

Comme mot de la fin, je vous propose un plaisir aux sonorités quelque peu surannées: une version du Petit chien de laine interprétée par le trio lyrique dont faisait parti Lionel Daunais. https://www.youtube.com/watch?v=1FifYcT2zII

De rrrrretourrrrr dans quelques jourrrrrs. À bientôt!

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Oui, je sais, je me fais rare sur ce blog, mais ce n'est pas faute d'intérêts ou d'idées en marche. Me revoilà donc, avec le désir de parler albums de comptines une fois de plus. Le titre de cet article est, en fait, celui d'un livreparu un peu avant les fêtes aux éditions Érès et dont deux collègues, Séverine Le Gall, Marie France Genest et moi-même signons un chapitre.

Il y a deux ans, j'ai eu l'occasion de planter mes pieds à Paris pour voir du pays, me perdre et chiner dans les rues, mais aussi pour rencontrer l'association L.I.R.E à Paris. Cette association est un peu, avec quelques nuances et distinctions, le pendant parisien de Contact, le plaisir des livres, un des programmes pour lequel je travaille. Je vous invite d'ailleurs à cliquer sur les liens pour en apprendre un peu plus. ;)

Avec deux ou trois messages Facebook et un coup de téléphone, j'ai pu rencontrer une partie de l'équipe (nous étions en août et en août, Paris se repose). De cette rencontre est née une collaboration pour l'écriture d'un essai dont je suis fière et dont j'avais envie de parler ici.


Tout au long de notre pratique d'animatrice-médiatrice, nous avons pu constater à quel point l'usage d'albums de comptines avait un effet hors du commun auprès des enfants, mais aussi de leurs parents. S'il y a une dizaine d'années, ce genre (car on peut maintenant parler d'un genre littéraire) se faisait plutôt rare, plusieurs maisons d'éditions proposent maintenant une collection de livres-comptines.

En travaillant pour Contact, nous devenons avant tout des personnes de terrain qui se promènent de lieu en lieu avec leur sac à dos et leurs livres. Pour cette raison, le besoin de se poser et de mettre par écrit toutes ces observations et ces expériences vécues au quotidien s'est fait ressentir.

De ce fait, nous avons pu remarquer que l'utilisation d'albums de comptines permettait une meilleure intégration des parents nouvellement arrivés, allophones ou qui ne parlent pas encore très bien français, et qui assistent aux animations avec leur enfant. Bien que ces parents ne puissent saisir la totalité des mots de la comptine, ils peuvent taper des mains, se dandiner, rire et surtout se détendre.

De plus, l'utilisation d'albums de comptines donne aussi l'occasion de retrouver le plaisir de chanter que nous tendons tous à perdre. Et puis, nul besoin de savoir chanter pour pousser la note d'une chansonnette.

L'essai Lire en chantant des albums de comptinesest aussi l'occasion pour plusieurs professionnels de la petite enfance, qu'ils soient psychologue, éditeur, psychanalyste, pédagogue ou linguiste de se prononcer sur l'importance du chanter-lire dans le développement des tout-petits.

Évidemment, on ne peut laisser les lecteurs sur leur faim, quelques suggestions d'albums de comptines, dont je vous parlerai dans mon prochain billet, parsèment donc le livre.

Que faisiez-vous il y a quelques minutes? Vous lisiez! Eh bien, chantez maintenant!









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Imaginez le Québec en 2048: pays désertique et envahi par des milliards de moustiques dès que le soir tombe. Mais ce n’est pas le pire: son gouvernement utiliserait des drones qui enregistrent les moindres faits et gestes de toute la population dans le but d’en assurer la sécurité.

Le contexte de la fin de la trilogie de science-fiction d’André Marois n’est pas très optimiste, mais c’est toujours réjouissant de plonger dans son écriture. Bon d’accord, les personnages sont divisés en deux clans: les gentils rebelles, Hugo, Lolla et le clan de Saint-Glagla, que l’on avait suivi dans Les voleurs d’espoir et Les voleurs de mémoire. Et les méchants vraiment des brutes: surtout des policiers, dirigés par leur chef Laiglon aussi bouffi d’orgueil que de bêtise.

Mais l’intrigue est prenante: dans cet épisode un meurtrier en série s’attaque à ses victimes en les assommant avec une vieille lame de tondeuse à gazon (objet on ne peut plus désuet dans un pays où pas la moindre brindille n’a survécu aux températures extrêmes) et en les laissant se faire dévorer par les bestioles ailées assoiffées de sang.

Le monde futuriste décrit est conséquent avec certains abus écologiques, technologiques et politiques de notre époque, mais ce qui me plaît le plus est le ton de la narration imagé et très concret. “Les serveurs installés en enfilade s’activaient pour collecter et gérer les tonnes d’Informations qui les gavaient sans cesse. Comme si un ogre s’enflait et se renforçait à chaque bouchée de ses victimes. L’énorme machine et ses techniciens formaient un tout homogène et synchrone.” (p.71)

Deux autres séries de science-fiction québécoises à découvrir:

Les Pulsars d’Ève Patenaude

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Le Labyrinthe des rêves de Johanne Gagné

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J’ai eu le bonheur de découvrir en librairie il y a deux semaines un nouveau livre cartonné de Marianne Dubuc. J’avais adoré les deux titres du même format publiés à la Courte échelle et les avais (sur) exploités en animation. Mon renardeau est un prétexte génial pour en faire l’acquisition.

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Marianne Dubuc allie la douceur du trait au crayon de couleur et la précision de l’expression. Dans son dernier titre, elle prend le temps d’explorer l’atmosphère du voyage, d’écouter la pluie (répétition du son “plic ploc”) et le temps qui passe lentement.

Le fil narratif est le récit du déluge. Alors que dans les deux albums de même format , il était plus formel et s’amusait à déjouer les attentes du lecteur.

  • Devant ma maison présentait une suite déplacements dans l’espace (celui de l’histoire, mais aussi dans l’aspect matériel du livre, à travers le corpus littéraire jeunesse)

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  • Le Carnaval des animaux quant à lui mettait en scène un enchaînement de déguisements ludiques où les animaux prenaient l’apparence d’un de leurs cousins éloignés

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L’histoire de l’Arche des animaux ne se joue pas du point de vue des hommes (Noé) mais de la perspective des bêtes qui ont souvent des comportements enfantins. On explore ici ce que font les animaux durant ce long voyage, à quoi ils pensent, à quoi ils jouent. L’arche est elle-même vue de loin comme “une drôle de créature”.

Le temps de lecture n’est pas le même que dans les autre titres, il y est plus lent. Il s’étire confortablement comme un long chat et c’est génial ainsi.

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Vous avez bien lu le titre: Lire en chantant. Non pas lire des comptines, ou encore chanter des comptines, mais bien lire un album de comptines.

Lorsque j'ai commencé à travailler comme médiatrice de lecture auprès des tout-petits, les livres comptines se sont vite retrouvés dans mon sac à dos pour plusieurs raisons.

La musique fait partie intégrante de chaque culture. Presque tous les parents chantent à leurs enfants.

En parallèle à cette (presque) évidence, les albums de comptines se sont beaucoup développés depuis quelques années. Que l'on pense aux éditions La montagne secrète, au Québec, à Didier jeunesse en France ou encore à l'écrivaine Henriette Major (dont je parlerai dans la deuxième partie), nous avons un bref aperçu de ce qui se fait dans le domaine.

Nous savons maintenant que l'ouïe est un des sens les plus aiguisés lorsque l'enfant vient au monde. De nombreuses études ont démontré l'intérêt des bébés pour la musique.

Et puis, j'aime la musique. Partout. Tout le temps. Puisque mes animations sont constituées en grande partie de moi-même, il allait de soi d'y intégrer les rythmes et les ritournelles.

Je ne pourrai donner ici tous mes coups de coeur, mais j'en proposerai quelques-uns, du moins.

Difficile de passer à côté de la comptine Une souris verte. Plusieurs versions intéressantes existent mais pour le blog, j'ai choisi celle de Denis Cauquetoux aux éditions Milan.


Ce livre a très souvent donné lieu à de beaux moments. Je pense à un jeune père fréquentant un organisme de l'arrondissement Hochelaga-Maisonneuve. Après l'animation, il s'était empressé de venir me dire à quel point il avait apprécié l'ambiance festive créée par la comptine. Le temps d'une chansonnette, il s'était retrouvé dans son pays d'origine où le chant faisait parti intégrante de leur vie.

Dans un style plus éclaté, je propose Savez-vous planter les choux? d'Antonin Louchard aux éditions Bayard.



Ce livre est en fait un petit recueil carré constitué de plusieurs comptines du répertoire francophone. Pour illustrer le tout, Louchard pige dans tout le matériel possible: légumes, photographies, cartons, gouache, crayons, jouets, bijoux, etc. Un pur plaisir pour les yeux et les oreilles.

Pour la prochaine suggestion, j'avais de la difficulté à choisir un titre plutôt qu'un autre. Didier jeunesse et sa collection Pirouette propose des comptines du répertoire traditionnel avec la particularité qu'on rajoute quelques phrases à la version originale question d'en faire des histoires plus longues. Par exemple, dans l'album Les petit poissons dans l'eau, les poissons feront place aux petites puces au sol. On pourra aussi y rencontrer les vaches, les pingouins, les chats, etc. Encore une fois, les artistes s'éclatent et proposent un visuel audacieux qui intrigue autant les petits que les grands.

Je vous propose deux titres, mais j'aime TOUT.


Pour ceux et celles qui ne se sentent pas l'âme de Maria Callas, je vous dirai que votre voix est de la pure musique aux oreilles de votre petit koala. Oui, oui. Les enfants sont certes sensibles aux belles mélodies et aux notes justes, mais ce qui prime dans ce moment parent-enfant est l'émotion qui en découle. La tendresse, les sourires complices, les yeux brillants, le plaisir quoi! Amusez-vous et découvrez d'autres albums de comptines si ça vous chante!