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Savez-vous que les petits ont de supers pouvoirs de lecture de l’image ? Renardeau est capable de trouver le moindre détail dans les photographies racontant des histoires. Ça tombe bien, il existe plusieurs titres pour répondre à cette envie de pointer des détails hors du fil narratif principal.

Une auteure qu’il affectionne particulièrement : Margaux Duroux, illustratrice-photographe qui travaille avec Kimiko (textes) dans l’adaptation de contes traditionnels :

Le grand méchant loup et les trois petits cochons

grand mechant

Le grand méchant loup et le Petit Chaperon rouge

petit chaperon

Hansel le gourmand et Gretel la courageuse

hansel

Je préfère ce dernier à tous les autres puisque malgré des couleurs chatoyantes et appétissantes, l’album réussit à transmettre (du moins aux adultes, je ne suis pas certaine que les petits le perçoivent) une atmosphère quelque peu inquiétante. Le vidéo promotionnel produit par l’école des loisirs le met d’ailleurs en évidence.

De plus, le personnage de Gretel, la courageuse (c’est elle qui poussa la sorcière et délivra son frère), est mis en valeur, au détriment d’Hansel présenté comme peureux et gourmand. J’aime les personnages féminins forts, surtout lorsqu’ils qu’ils sont amenés naturellement, malgré les conventions du conte (bon, j’avoue qu’il faudrait ici que je vérifie la version originale).

Margaux Duroux a aussi créé, seule cette fois, un album dont la proposition est originale et le résultat, fort réjouissant : Quand j'étais grand. Ici les rêves de carrière (cosmonaute, peintre, pâtissier) sont exprimés à l’imparfait. Le petit ourson rouge a ainsi déjà fort travaillé lorsqu’il se repose enfin. Les mises en situations sont réussies et pleins de petits détails que les enfants remarquent et qui contribuent à enrichir leur vocabulaire visuel.

quand etais

Le dernier livre paru de cette auteure : À moi est un imagier qui quoique plus traditionnel attire le regard avec ses couleurs vives.

 

D’autres auteures-photographes à découvrir absolument:

Isabelle Gil (http://www.isabellegil.fr/livres)

magicien

Karina Schaapman (http://hetmuizenhuis.nl/en/)

maison

Brigitte Henry (http://www.ricochet-jeunes.org/auteurs/recherche/10222-brigitte-henry)

poisson

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J’habite ce village dans Montréal où le meilleur côtoie le pire. Dans le dernier album illustré par Rogé, des poèmes d’écoliers expriment la vivacité et la beauté du quotidien.

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On comprend que j’étais impatiente de découvrir ce livre, fruit d’un atelier d’écriture avec des enfants de l’école Saint-Clément. Animé par Jeanne Painchaud, amoureuse des haïkus, il regroupe une quinzaine de poèmes et autant de portaits d’enfants.

Les portaits ne correspondent pas à leurs auteurs (à trois exceptions près). Ce qui est surprenant puisque l’on trouve toujours des liens entre l’émotion du visage et le texte, forcément. Un éclair de malice, un brin de fierté ou la rêverie transparaissent de ces visages.

Sans plus tarder, mes trois préférés…

 

J’ai retrouvé un oiseau blessé

on l’a lancé pour qu’il vole

il est retombé

et il est mort (Miguel Tejesda)

 

Quand il y a du hockey à la télé

je regarde par la fenêtre

la rue est déserte

tout le monde est à la maison (Zachary Tremblay-Renaud)

 

Tout est gelé

je suis émerveillée

je peux enfin glisser

après, je suis congelée

 

Prendre un chocolat chaud

se réchauffer

savourer ce plaisir

Ressortir et regeler

ça m’amuse

mais pourquoi ?

 

Peut-être que c’est là

que je me sens bien

résister pour ne pas être congelée (Louissa Alexandre)

 

Mais le mieux, bien sûr, c’est d’aller vous procurer l’album pour construire vos propres correspondances.

Pour prolonger le plaisir, Rogé a travaillé à deux autres projets semblables : Haïti mon pays et Mingan mon village.

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Ça fait un moment, déjà, que j'ai envie de vous parler d'un roman en particulier. Il n'est pas des plus récents, mais il devrait, selon moi, être lu par tous, adulte compris.

La boulangerie de la rue des dimanchesd'Alexis Galmot et Till Charlier a été publié en 2011 aux éditions Grasset jeunesse.


Jack Talboni avait tout pour lui, surtout des parents musiciens, aimants et à l'écoute de sa créativité, mais quand un destin est scellé, difficile de passer à côté.

Un jour, ses parents meurent de fatigue (ils dormaient sur des chaises, ayant laissé leur lit à Jack) et le gamin prend le chemin de l'Orphelinat. Entre ces quatre murs, il apprendra à cuisiner de la baguette pas trop cuite et des religieuses au chocolat.

Devenu grand et convaincu qu'il peut devenir boulanger, il fouillera la ville à la recherche du petit commerce parfait. Son parcours sera parsemé, entre autre, par Les Quatre Saisons de Vivaldi, une fée bleue et une horloge capricieuse.

Ce roman est sans doute une ode à la résilience. Et au dépassement de ses limites, toujours un peu plus, chaque jour. En réalité, tout le récit est porté par une délicieuse fantaisie et une foi en la vie réconfortante.

Surtout, c'est la plume de l'auteur, maîtrisant l'art de l'évocation, qui m'a séduite.

Par exemple, en parlant de la situation financière des parents de Jack, on peut lire: ''Ils n'avaient plus que les mouches à manger. L'été: Vivaldi à la rivière et mouches fraîches. L'hiver: mouches sèches et Vivaldi sous les combles glacés.''

Cet ''art de dire les choses'' permet à l'auteur d'imprégner son récit de poésie, sans pour autant amoindrir la gravité de son propos et des thèmes abordés (entre autre, la pauvreté et le deuil).

Les illustrations, quant à elles, contribuent à créer une ambiance aux accents surannés nous rappelant les sacrés congés dominicaux d'autrefois.

D'autres petits bijoux parsèment ce roman, mais je vous laisse le soin de les découvrir. En prime, parions que vous fermerez ce livre avec une irrépréhensible envie de religieuses au chocolat.

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Moi et le 9e art vivons encore notre Lune de miel. C'est que ma découverte avec celui-ci n'est que très récente (quelques années à peine). Il y a bien eu quelques Garfield et Mafalda durant mon enfance, mais ce n'est que grâce à des rencontres tardives et un cours à l'université que j'ai réellement pris goût à la BD.

Parmi mes découvertes chouchous, il y a, sans contredit, la bédéiste et musicienne Zviane.

Le bestiaire des fruits a d'abord été publié sur le blog de l'artiste, puis il est devenu un fanzine, puis il fut édité en 2014 à La Pastèque sous la collection Pomelo (avec petits suppléments pour notre plus grand plaisir).

En 2001, Zviane habitait Ville Saint-Laurent, un arrondissement très cosmopolite de Montréal. En faisant son épicerie, elle observait une foule de fruits aussi intrigants qu'exotiques. Il n'en fallait de peu pour que la jeune femme se transforme en samouraï des fruits prêt à tout pour réveiller les papilles gustatives quelque peu endormies des gens.

Cette BD est une sorte de concours où plusieurs fruits, allant du kaki et du tamarin en passant par la nèfle et le kiwano, sont notés.

Pour ce faire, Zviane dresse une grille d'évaluation:

Chaque fruit reçoit une note sur 40. Le tout est entrecoupé de délicieuses (sans jeux de mots) anecdotes sur le processus créatif de l'artiste. À la fin, il y a évidemment un gagnant. D'après vous, qui sera le lauréat?

Cette jolie BD ne serait pas ce qu'elle est sans l'humour désopilant de Zviane et sa rafraîchissante spontanéité.

Bien que cette création soit souvent classée dans la catégorie ''Adultes'', les enfants pourront en profiter.

En ce début de relâche scolaire, pourquoi ne pas organiser son propre concours de fruits exotiques avec ses cocos-renardeaux-choupinettes (bref vous m'aurez compris ?)

Si on veut pousser la note, pourquoi ne pas créer votre propre grille d'évaluation? Et une remise de prix, tant qu'à y être. Je vous laisse trouver lequel (Allez! Je sais que vous avez de l'imagination!)

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J'ai découvert le recueil de poésie Maman sauvage par la bande. Son auteure Geneviève Elverum, m'était connue en bande dessinée sous le pseudonyme de Geneviève Castrée. C'est elle qui a écrit l'indispensable Susceptible, autobiographie que vous devez immédiatement exiger à votre libraire ou bibliothécaire préféré!

C’est est une experte de la fragilité et de la minutie, en même temps que de la rage, qui vient de faire paraître des poèmes racontant sa grossesse. L'inquiétude de se projeter comme parent est exprimée par des mots dans lesquels on se reconnaît immédiatement:

 

Je suis grognon

aujourd'hui encore

Ta gueule, le chat!

Ça me rends nerveuse

je ne voudrais surtout pas

dire ça à un enfant

qui pleure

 

La joie et l'appréhension de découvrir un nouvel être, la nervosité ressentie comme avant un premier rendez-vous :

 

Et même aussi

on te donne des ordres

SORS!

avec le très peu d'autorité

dans nos voix

de deux pas-encore-parents

qui sommes nerveux

de te rencontrer

maman sauvage

Et en plus, l'objet livre est magnifique, comme tout ce que publie l'Oie de Cravan.  On entre dans ce carnet intime comme dans une la jungle par une suspension de lianes.

 

Et si jamais vous êtes une maman assoiffée de liberté, je vous suggère aussi la bande dessinée Hobo mom de Charles Forsman et Max de Radiguès. On y raconte le retour de Tasha, une mère Hobo (qui voyage clandestinement dans des trains de marchandises) dans sa famille, son tiraillement entre le besoin de liberté et l’attachement aux siens.

Hobo mom