Jouer avec les livres
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- La chouette
Planète Lili est de couleur framboise. Bon bien oui, me direz-vous, il n’y a rien de plus évident en regardant la couverture. Ce premier roman doit être dégusté lors des jours gris. Rafraîchissant, il a du piquant musical, un swing, qui ne se prend pas au sérieux. On y rencontre les parents et amis de la petite Lili qui a une parole imaginative sans clichés. Sa voix est rythmée et les mots retentissent dans toute leur sonorité sans que ce ne soit un exercice artificiel.
“Il était gros comme un pou, laid comme un chou et mou comme tout. Un vrai Pouchoumou. “ p.50
L’auteure, Nicole Moreau, s’amuse visiblement avec la langue, elle joue avec les répétitions, l’amplification et les allitérations. Tout ce dynamisme est soutenu par une typographie polymorphe. Le procédé n’a rien de nouveau (voir les Stilton et autres Billy Stuart), mais il appuie bien la joyeuse musicalité du texte: “Groslot” et “cabot” sont écrit en grosse lettres joufflues, “Tarzan, Tacot et Titigre “ portent fièrement un “t” en forme de chat. J’imagine que les premiers lecteurs ont plus de facilité ainsi à reconnaître et associer les noms présents dans le texte.
Les illustrations de Geneviève Després prennent vie par ce petit trait fin et nerveux qui la caractérise. Elles s’accordent bien sans répéter le texte: un bel exemple est le plant de tomates de Noël (p. 64) qui ancre joliment l’action dans la Petite Italie. Quelques bande dessinées de trois à cinq cases intègrent des dialogues ou des petites incursions dans la pensée de la protagoniste.
Un seul bémol: c’est trop court. Après avoir rencontré une galerie de personnages plus colorés les uns des autres, j’aurais aimé approfondir leurs caractères, les voir encore se frotter aux drames du quotidien et les voir évoluer, transformer le gris en rose. On oublie souvent nous, vieux adultes, comment faire. Peut-être que le prix Cécile Gagnon 2015 qui a été remis au roman par AEQJ encouragera l’auteure à poursuivre les aventures Lili …
J’ai eu une rage de lecture dernièrement et j’ai dévoré la série Space brothers par l’auteur Chuya Koyama.
Il y a longtemps que je ne m’étais plongée dans un manga avec autant de plaisir. On y suit deux frères, Hibito (le blond) et Mutta (avec une coiffure afro, ce qui est peu commun pour un Japonais !) qui se sont promis, enfants, de devenir astronautes.
En fait, les péripéties sont souvent liées à Mutta qui parcourt les diverses épreuves de la Jaxa (équivalent japonais de la Nasa) afin de suivre la formation d’astronaute. En parallèle, on vit les aventures de son frère qui voyage la première fois sur la lune.
À ce jour, il y a treize tomes parus en français chez Pika. Au Japon, les mangas sont prépubliés dans le magazine Morning. On parle alors d’un seinen : un manga destiné à un public de lecteur masculin entre 15 et 30 ans. - Je suis la preuve que le public est plus large!- Les livres ont été adaptés en série animée et même en un film qui ont eu tous deux beaucoup de succès.
Mais revenons aux personnages. Mutta, malgré une apparence désinvolte, a des capacités de concentration et d’improvisation hors du commun. On s’y attache rapidement : il a une apparence brouillonne, fait souvent des gaffes et malgré tout, persévère.
Le sujet principal est bien la quête spatiale (on apprend plein de choses à ce sujet), mais les nombreuses aventures mettent en jeu les rapports sociaux (on est en pleine compétition pour savoir qui deviendra astronaute) et les solutions de coopération pour survivre aux épreuves.
De plus, les personnages secondaires sont solides et dévoilent leur personnalité sans tomber dans les clichés. (J’ai un faible pour Serika la gourmande!)
À faire connaître à tout ceux qui ne s’intéressent pas à la conquête spatiale!