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Il y a de ces livres coups de cœur, alors qu'il y en a d'autres qui se laissent apprivoiser en les manipulant ou en constatant l'énorme force qu'ils dégagent auprès des petits. Le livre dont je vous parle aujourd'hui fait un peu parti de la deuxième catégorie.

Je dis un peu, puisque je le trouvais tout de même intéressant au premier regard. Cependant, en le présentant aux enfants, et en rencontrant un petit de cinq ans se promener avec le dit livre bien serré contre sa poitrine tout en proclamant que c'était SON livre préféré, il est aussi devenu un de mes préférés.

Prendre et donnerest à la fois un documentaire, un imagier, un livre d'art, un livre-jeu, un livre de philosophie tout en étant empreint d'une douce poésie.

Prendre et donner s'ouvre sur une page où nous apercevons un grand cercle rouge ainsi que le mot Prendre écrit juste en-dessous.

Oui, bon, quel est le lien entre un cercle rouge et le verbe prendre? me direz-vous.

C'est que chaque forme du livre se déplace et se replace ailleurs. Le petit lecteur est invité à prendre (tel qu'indiqué) le cercle rouge et à le replacer quelques pages plus loin.

Où doit-il le replacer? À la page où il est écrit Donner, mais pour ce faire, l'enfant tourne les pages, fouille, se creuse les méninges, évalue les formes.

Un autre exemple? Un carré rouge, cassé en deux morceaux, donc devenant deux triangles (vous me suivez toujours?), serviront à construire des toits pour de mignonnes maisonnettes.

Ainsi, une action est équilibrée par une autre.

Les illustrations aux formes graphiques et minimalistes sont proposées dans des coloris contrastés et vifs, sans pour autant négliger les petits détails.

En discutant avec mes collègues, une d'entre elles (bonjour Perpétue!), nous partageait ses préambules. Avant de raconter ce livre, elle demande aux enfants qui ont envie, d'étirer encore et toujours plus leur bras au-dessus d'eux, dans le but de toucher le ciel et de prendre un nuage. Une fois le nuage au creux de leur main, les enfants tendent leur bras devant eux pour le donner. Ils refont ce geste à quelques reprises, pour par la suite, changer de bras.

J'ai tenté l'expérience auprès de quelques groupes avec beaucoup de plaisir. De par ces simples gestes, une jolie chorégraphie prenait vie, permettant aux enfants plus actifs d'écouter tout en bougeant.

Prendre et donner de Lucie Félix, édité chez Les grandes personnes s'adresse à tous les enfants, mais peut devenir, tout spécialement, une belle alternative pour les enfants (et les parents) plus récalcitrants aux livres et à la lecture.





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9782897140687c

 

Planète Lili est de couleur framboise. Bon bien oui, me direz-vous, il n’y a rien de plus évident en regardant la couverture. Ce premier roman doit être dégusté lors des jours gris. Rafraîchissant, il a du piquant musical, un swing, qui ne se prend pas au sérieux. On y rencontre les parents et amis de la petite Lili qui a une parole imaginative sans clichés. Sa voix est rythmée et les mots retentissent dans toute leur sonorité sans que ce ne soit un exercice artificiel.

“Il était gros comme un pou, laid comme un chou et mou comme tout. Un vrai Pouchoumou. “ p.50

L’auteure, Nicole Moreau, s’amuse visiblement avec la langue, elle joue avec les répétitions, l’amplification et les allitérations. Tout ce dynamisme est soutenu par une typographie polymorphe. Le procédé n’a rien de nouveau (voir les Stilton et autres Billy Stuart), mais il appuie bien la joyeuse musicalité du texte: “Groslot” et “cabot” sont écrit en grosse lettres joufflues, “Tarzan, Tacot et Titigre “ portent fièrement un “t” en forme de chat. J’imagine que les premiers lecteurs ont plus de facilité ainsi à reconnaître et associer les noms présents dans le texte.

Les illustrations de Geneviève Després prennent vie par ce petit trait fin et nerveux qui la caractérise. Elles s’accordent bien sans répéter le texte: un bel exemple est le plant de tomates de Noël (p. 64) qui ancre joliment l’action dans la Petite Italie. Quelques bande dessinées de trois à cinq cases intègrent des dialogues ou des petites incursions dans la pensée de la protagoniste.

Un seul bémol: c’est trop court. Après avoir rencontré une galerie de personnages plus colorés les uns des autres, j’aurais aimé approfondir leurs caractères, les voir encore se frotter aux drames du quotidien et les voir évoluer, transformer le gris en rose. On oublie souvent nous, vieux adultes, comment faire. Peut-être que le prix Cécile Gagnon 2015 qui a été remis au roman par AEQJ encouragera l’auteure à poursuivre les aventures Lili …

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Dès que je me retrouve dans une nouvelle ville, je ne tarde d'aller découvrir quelques parcs des environs pour flâner, lire ou simplement observer la foule bigarrée. C'est plus fort que moi, j'ai un faible pour ces espaces verts entourées de gratte-ciel.

Pour cette raison, je ne pouvais passer à côté de l'album Le hareng rougede Gonzalo Moure et Alicia Varela, traduit par Jude Des Chênes et publié dans sa version française aux éditions Les 400 coups.

L'album s'ouvre sur une scène comme il y en a souvent au parc. En fait, c'est un peu comme si nous avions installé une caméra à un point précis du parc et qu'au fil du récit, nous observions le temps passer. D'une page à l'autre, les personnages bougent, évoluent, bref vivent leur histoire À EUX. Le lecteur en a plein la vue avec des scènes prenant l'entièreté des deux pages pour se déployer. On y découvre un flûtiste, un photographe canin, une grand-mère et son petit-fils gourmand prêt à engloutir un énorme sandwich, des joueurs de soccer, un poète défiant la gravité, un lunatique faisant la conversation à une taupe, et évidemment un hareng rouge.

L'illustrateur Gonzalo Moure comble le lecteur de son coup de crayon tout en finesse captant dans les moindres détails le quotidien souvent ignoré. Cependant, cette apparente légèreté n'est que subterfuge.

Au cinéma, un hareng rouge est une technique scénaristique qui consiste à amener le spectateur sur de fausses pistes pour qu'ait lieu un retournement inattendu à la résolution. De cette façon, on oblige le spectateur à voir l'histoire qu'il vient de vivre sous un angle différent.

De cette façon, Moure et Varela invitent, à la toute fin du récit, les enfants à raconter leur propre histoire suite à ce qu'ils ont vu puisque deux personnes regardant au même endroit ne voient pas la même chose.

Si nous avons plutôt envie de lire les histoires des deux créateurs, nous pouvons ouvrir l'enveloppe qui se trouve aussi à la toute fin du récit.

Cet album s'adresse en général à des lecteurs du primaire, soit de 7 à 11 ans voire même un peu plus, mais les plus petits pourront tout de même s'amuser à observer les illustrations dans les moindres détails et pourquoi pas, se laisser bercer par les beaux textes d'Alicia Varela.

De plus, nous pouvons transformer ce livre en un " cherche et trouve" où les petits sont appelés à découvrir, à chaque page, le fameux hareng rouge.

Parlant de "cherche et trouve", j'ai eu le plaisir d'animer Cherche la petite bêtede Delphine Chedru, il y a quelques jours.


L'illustratrice nous propose un univers coloré et psychédélique où nous devons trouver un phasme funambule, une chouette qui a besoin de lunettes, un escargot ahuri, un hamster qui a perdu son ballon, une abeille prête à butiner et encore bien d'autres.

Ce livre-jeu s'adresse aux enfants de 3 ans et plus, mais j'ai tout de même pu le présenter à une petite de deux ans et des poussières sans problème.

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J’ai eu une rage de lecture dernièrement et j’ai dévoré la série Space brothers par l’auteur Chuya Koyama.

9782811612610c

Il y a longtemps que je ne m’étais plongée dans un manga avec autant de plaisir. On y suit deux frères, Hibito (le blond) et Mutta (avec une coiffure afro, ce qui est peu commun pour un Japonais !) qui se sont promis, enfants, de devenir astronautes.

En fait, les péripéties sont souvent liées à Mutta qui parcourt les diverses épreuves de la Jaxa  (équivalent japonais de la Nasa) afin de suivre la formation d’astronaute. En parallèle, on vit les aventures de son frère qui voyage la première fois sur la lune.

À ce jour, il y a treize tomes parus en français chez Pika. Au Japon, les mangas sont prépubliés dans le magazine Morning. On parle alors d’un seinen : un manga destiné à un public de lecteur masculin entre 15 et 30 ans. - Je suis la preuve que le public est plus large!- Les livres ont été adaptés en série animée et même en un film qui ont eu tous deux beaucoup de succès.

Mais revenons aux personnages. Mutta, malgré une apparence désinvolte, a des capacités de concentration et d’improvisation hors du commun. On s’y attache rapidement : il a une apparence brouillonne, fait souvent des gaffes et malgré tout, persévère.

Le sujet principal est bien la quête spatiale (on apprend plein de choses à ce sujet), mais les nombreuses aventures mettent en jeu les rapports sociaux (on est en pleine compétition pour savoir qui deviendra astronaute) et les solutions de coopération pour survivre aux épreuves.

De plus, les personnages secondaires sont solides et dévoilent leur personnalité sans tomber dans les clichés. (J’ai un faible pour Serika la gourmande!)

À faire connaître à tout ceux qui ne s’intéressent pas à la conquête spatiale!

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Il y a plusieurs mois déjà, des amis m'ont proposé, ce que je m'amuse à appeler un rallye littéraire, un petit rallye, il va de soi. En gros, je devais me rendre au café L'Escalier pour récupérer un colis à mon nom. Curieuse, je me suis rendue sur place. La jeune femme du café, tout sourire, m'a rendu mon bien en me demandant si c'était mon anniversaire. Non, ce n'était même pas mon anniversaire, simplement, mes copains et moi partageons la passion commune de la littérature jeunesse.

Le colis était en réalité un livre d'Emmanuelle Houddart : La boîte à images.
J'avais déjà entrevu le travail de cette illustratrice sans m'y arrêter vraiment. J'ai donc découvert cette petite boîte avec beaucoup d'intérêts.

La boîte à images est un bel objet en soi. Son format nous rappelleun cube de construction que les enfants pourront agripper avec beaucoup de satisfaction. Ses couleurs acidulées nous donnent envie de les croquer à belles dents (à voir la réaction des bébés).

Cette boîte est constituée de quatre petits livres aux titres musicaux qui évoquent le babillement d'un bébé: GRRRR!, ARGH!, MIAM!, AREUH!
Chaque petit cartonné nous propose mille et une images dessinées avec un souci du détail fascinant.

L'univers de Houddart est à mi-chemin entre le féérique et le monstrueux. Dès les premières pages, nous ressentons une ambivalence face à cet environnement visuel qui ne ressemble à rien de connu. Nous avons envie de nous y plonger tout en étant intrigué face à cette étrangeté.

Voici quelques-unes de ses oeuvres:


Cela dit, La boîte à images contient une bonne dose de merveilleux...et un soupçon d'étrangeté, sans réellement tomber dans le monstrueux.