1 Commentaires

9782897140687c

 

Planète Lili est de couleur framboise. Bon bien oui, me direz-vous, il n’y a rien de plus évident en regardant la couverture. Ce premier roman doit être dégusté lors des jours gris. Rafraîchissant, il a du piquant musical, un swing, qui ne se prend pas au sérieux. On y rencontre les parents et amis de la petite Lili qui a une parole imaginative sans clichés. Sa voix est rythmée et les mots retentissent dans toute leur sonorité sans que ce ne soit un exercice artificiel.

“Il était gros comme un pou, laid comme un chou et mou comme tout. Un vrai Pouchoumou. “ p.50

L’auteure, Nicole Moreau, s’amuse visiblement avec la langue, elle joue avec les répétitions, l’amplification et les allitérations. Tout ce dynamisme est soutenu par une typographie polymorphe. Le procédé n’a rien de nouveau (voir les Stilton et autres Billy Stuart), mais il appuie bien la joyeuse musicalité du texte: “Groslot” et “cabot” sont écrit en grosse lettres joufflues, “Tarzan, Tacot et Titigre “ portent fièrement un “t” en forme de chat. J’imagine que les premiers lecteurs ont plus de facilité ainsi à reconnaître et associer les noms présents dans le texte.

Les illustrations de Geneviève Després prennent vie par ce petit trait fin et nerveux qui la caractérise. Elles s’accordent bien sans répéter le texte: un bel exemple est le plant de tomates de Noël (p. 64) qui ancre joliment l’action dans la Petite Italie. Quelques bande dessinées de trois à cinq cases intègrent des dialogues ou des petites incursions dans la pensée de la protagoniste.

Un seul bémol: c’est trop court. Après avoir rencontré une galerie de personnages plus colorés les uns des autres, j’aurais aimé approfondir leurs caractères, les voir encore se frotter aux drames du quotidien et les voir évoluer, transformer le gris en rose. On oublie souvent nous, vieux adultes, comment faire. Peut-être que le prix Cécile Gagnon 2015 qui a été remis au roman par AEQJ encouragera l’auteure à poursuivre les aventures Lili …

2 Commentaires

J’ai eu une rage de lecture dernièrement et j’ai dévoré la série Space brothers par l’auteur Chuya Koyama.

9782811612610c

Il y a longtemps que je ne m’étais plongée dans un manga avec autant de plaisir. On y suit deux frères, Hibito (le blond) et Mutta (avec une coiffure afro, ce qui est peu commun pour un Japonais !) qui se sont promis, enfants, de devenir astronautes.

En fait, les péripéties sont souvent liées à Mutta qui parcourt les diverses épreuves de la Jaxa  (équivalent japonais de la Nasa) afin de suivre la formation d’astronaute. En parallèle, on vit les aventures de son frère qui voyage la première fois sur la lune.

À ce jour, il y a treize tomes parus en français chez Pika. Au Japon, les mangas sont prépubliés dans le magazine Morning. On parle alors d’un seinen : un manga destiné à un public de lecteur masculin entre 15 et 30 ans. - Je suis la preuve que le public est plus large!- Les livres ont été adaptés en série animée et même en un film qui ont eu tous deux beaucoup de succès.

Mais revenons aux personnages. Mutta, malgré une apparence désinvolte, a des capacités de concentration et d’improvisation hors du commun. On s’y attache rapidement : il a une apparence brouillonne, fait souvent des gaffes et malgré tout, persévère.

Le sujet principal est bien la quête spatiale (on apprend plein de choses à ce sujet), mais les nombreuses aventures mettent en jeu les rapports sociaux (on est en pleine compétition pour savoir qui deviendra astronaute) et les solutions de coopération pour survivre aux épreuves.

De plus, les personnages secondaires sont solides et dévoilent leur personnalité sans tomber dans les clichés. (J’ai un faible pour Serika la gourmande!)

À faire connaître à tout ceux qui ne s’intéressent pas à la conquête spatiale!

1 Commentaires

Savez-vous que les petits ont de supers pouvoirs de lecture de l’image ? Renardeau est capable de trouver le moindre détail dans les photographies racontant des histoires. Ça tombe bien, il existe plusieurs titres pour répondre à cette envie de pointer des détails hors du fil narratif principal.

Une auteure qu’il affectionne particulièrement : Margaux Duroux, illustratrice-photographe qui travaille avec Kimiko (textes) dans l’adaptation de contes traditionnels :

Le grand méchant loup et les trois petits cochons

grand mechant

Le grand méchant loup et le Petit Chaperon rouge

petit chaperon

Hansel le gourmand et Gretel la courageuse

hansel

Je préfère ce dernier à tous les autres puisque malgré des couleurs chatoyantes et appétissantes, l’album réussit à transmettre (du moins aux adultes, je ne suis pas certaine que les petits le perçoivent) une atmosphère quelque peu inquiétante. Le vidéo promotionnel produit par l’école des loisirs le met d’ailleurs en évidence.

De plus, le personnage de Gretel, la courageuse (c’est elle qui poussa la sorcière et délivra son frère), est mis en valeur, au détriment d’Hansel présenté comme peureux et gourmand. J’aime les personnages féminins forts, surtout lorsqu’ils qu’ils sont amenés naturellement, malgré les conventions du conte (bon, j’avoue qu’il faudrait ici que je vérifie la version originale).

Margaux Duroux a aussi créé, seule cette fois, un album dont la proposition est originale et le résultat, fort réjouissant : Quand j'étais grand. Ici les rêves de carrière (cosmonaute, peintre, pâtissier) sont exprimés à l’imparfait. Le petit ourson rouge a ainsi déjà fort travaillé lorsqu’il se repose enfin. Les mises en situations sont réussies et pleins de petits détails que les enfants remarquent et qui contribuent à enrichir leur vocabulaire visuel.

quand etais

Le dernier livre paru de cette auteure : À moi est un imagier qui quoique plus traditionnel attire le regard avec ses couleurs vives.

 

D’autres auteures-photographes à découvrir absolument:

Isabelle Gil (http://www.isabellegil.fr/livres)

magicien

Karina Schaapman (http://hetmuizenhuis.nl/en/)

maison

Brigitte Henry (http://www.ricochet-jeunes.org/auteurs/recherche/10222-brigitte-henry)

poisson

1 Commentaires

J’habite ce village dans Montréal où le meilleur côtoie le pire. Dans le dernier album illustré par Rogé, des poèmes d’écoliers expriment la vivacité et la beauté du quotidien.

9782897140595c

On comprend que j’étais impatiente de découvrir ce livre, fruit d’un atelier d’écriture avec des enfants de l’école Saint-Clément. Animé par Jeanne Painchaud, amoureuse des haïkus, il regroupe une quinzaine de poèmes et autant de portaits d’enfants.

Les portaits ne correspondent pas à leurs auteurs (à trois exceptions près). Ce qui est surprenant puisque l’on trouve toujours des liens entre l’émotion du visage et le texte, forcément. Un éclair de malice, un brin de fierté ou la rêverie transparaissent de ces visages.

Sans plus tarder, mes trois préférés…

 

J’ai retrouvé un oiseau blessé

on l’a lancé pour qu’il vole

il est retombé

et il est mort (Miguel Tejesda)

 

Quand il y a du hockey à la télé

je regarde par la fenêtre

la rue est déserte

tout le monde est à la maison (Zachary Tremblay-Renaud)

 

Tout est gelé

je suis émerveillée

je peux enfin glisser

après, je suis congelée

 

Prendre un chocolat chaud

se réchauffer

savourer ce plaisir

Ressortir et regeler

ça m’amuse

mais pourquoi ?

 

Peut-être que c’est là

que je me sens bien

résister pour ne pas être congelée (Louissa Alexandre)

 

Mais le mieux, bien sûr, c’est d’aller vous procurer l’album pour construire vos propres correspondances.

Pour prolonger le plaisir, Rogé a travaillé à deux autres projets semblables : Haïti mon pays et Mingan mon village.

1 Commentaires

J'ai découvert le recueil de poésie Maman sauvage par la bande. Son auteure Geneviève Elverum, m'était connue en bande dessinée sous le pseudonyme de Geneviève Castrée. C'est elle qui a écrit l'indispensable Susceptible, autobiographie que vous devez immédiatement exiger à votre libraire ou bibliothécaire préféré!

C’est est une experte de la fragilité et de la minutie, en même temps que de la rage, qui vient de faire paraître des poèmes racontant sa grossesse. L'inquiétude de se projeter comme parent est exprimée par des mots dans lesquels on se reconnaît immédiatement:

 

Je suis grognon

aujourd'hui encore

Ta gueule, le chat!

Ça me rends nerveuse

je ne voudrais surtout pas

dire ça à un enfant

qui pleure

 

La joie et l'appréhension de découvrir un nouvel être, la nervosité ressentie comme avant un premier rendez-vous :

 

Et même aussi

on te donne des ordres

SORS!

avec le très peu d'autorité

dans nos voix

de deux pas-encore-parents

qui sommes nerveux

de te rencontrer

maman sauvage

Et en plus, l'objet livre est magnifique, comme tout ce que publie l'Oie de Cravan.  On entre dans ce carnet intime comme dans une la jungle par une suspension de lianes.

 

Et si jamais vous êtes une maman assoiffée de liberté, je vous suggère aussi la bande dessinée Hobo mom de Charles Forsman et Max de Radiguès. On y raconte le retour de Tasha, une mère Hobo (qui voyage clandestinement dans des trains de marchandises) dans sa famille, son tiraillement entre le besoin de liberté et l’attachement aux siens.

Hobo mom