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Après plusieurs lectures, des vacances dans le bois et quelques piqûres de moustiques, j'ai repris la très belle pièce de théâtre de Marie-Ève Huot, Noeuds papillon, et je me suis dit que je me devais de la partager avec vous.

Une pièce de théâtre? Eh oui. Quelqu'un m'a déjà dit qu'une pièce vu sur scène avec les comédiens et tous les moyens qu'une production demande, c'est bien, mais qu'un texte de théâtre existe en soi, et qu'il est souvent porteur d'une grande puissance. Je crois bien que c'est le cas de Noeuds papillon.

Et puis soyons honnêtes, quand lisons-nous du théâtre? Et du théâtre pour enfants de surcroît? Et qui aborde un thème aussi délicat que le deuil et la mort?

Lorsqu'il est question de parler de la mort avec un enfant, notre cerveau se met souvent en mode hyperactif. Quoi dire et comment le dire?

Certaines oeuvres artistiques savent trouver les mots justes et vrais, alors pourquoi ne pas leur demander un petit coup de pouce.

Commençons par le commencement, Marie-Ève Huot est une jeune comédienne, auteure et metteure en scène qui dirige le Théâtre Ébouriffé, cofondé en 2007. La pièce Noeuds papillon a été présentée à la Maison Théâtre
en novembre 2014.

Noeuds papillon raconte avec beaucoup de délicatesse et sensibilité l'histoire d'Amélie, 11 ans. À l'annonce du décès de son père, la petite arrête de parler. Tous essaient de comprendre ce qui se passe dans sa tête, Amélie la première. Avec l'aide d'Amelia Earhart, la première aviatrice à avoir traversé l'océan atlantique en 1928, elle apprendra à calmer les papillons qui s'emballent un peu trop dans son estomac. Tout au long de notre lecture, on sent que la plume de la dramaturge essaie de comprendre avec beaucoup d'empathie et d'humanité la réalité de l'enfant sans dramatiser plus que nécessaire. Bien que la pièce aborde un sujet grave, jamais Amélie est présentée comme une victime, bien au contraire. Au final, le texte se dépose en nous comme un souffle de vie simple et prometteur.

Extrait:

"Depuis que papa est mort, les choses se sont compliquées. Sans pouvoir vous expliquer exactement pourquoi, j'ai arrêté de parler.
Plus un mot.
Plus un son.
Le silence total.

Les médecins disent à ma mère que je vis un choc nerveux. Ils disent que l'accident de papa m'a traumatisée, qu'il faut me protéger. Je dois "ré-apprivoiser mon environnement" qu'ils disent, les médecins. Moi, j'ai plutôt l'impression que mon coeur s'est emballé.

Mon coeur-moteur roule à plein régime parce que quelque chose le pousse à fond: des milliers de papillons volent à l'intérieur de moi. Leurs ailes battent tellement vite qu'elles finissent par s'entremêler et ça fait comme un gros noeud dans mon estomac. Un gros noeud de papillons. Après, le vertige me prend, mon souffle se coupe, et tout tourne autour de moi."

Noeuds papillons est édité chez Lansman Editeur.

Pour voir un extrait de la pièce, cliquez ici.

Pour connaître les dates des prochaines représentations, cliquez ici.

Comme complément, je vous propose quelques albums coup de coeur.

Jojo la mache, Olivier Douzou, Editions du Rouergue.


Mon petit chien Gruyère, Yves Nadon et Céline Malépart, Les 400 coups.


Vieux Thomas et la petite fée, Dominique Demers, Dominique et cie.


La caresse du papillon, Christian Voltz, du Rouergue.


Ma maman est en Amérique, elle a rencontré Buffalo Bill, Jean Regnaud et Emile Bravo, Gallimard.

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Avant de continuer mes suggestions d’imagiers, je tiens à mentionner que l’âge du lectorat associé à chaque ouvrage est tout à la fois important et aléatoire. En effet, la question des tranches d’âge est quelque chose de poreux. Chaque enfant est différent. Pour cette raison, il est amusant de sortir des sentiers battus pour explorer différents livres et observer les réactions de l’enfant.

Je pense à cet enfant de 4 ou 5 ans curieux de découvrir Noir sur blanc de Tana Hoban, petit cartonné destiné aux tout-petits. Le garçon a pris le livre dans ses mains et s’est mis à le feuilleter. Rapidement, il a remis le livre en place en disant qu’il n’aimait pas pour ensuite diriger son attention vers un autre album. De cette façon, il a pu exercer son sens critique et découvrir en toute liberté ce qui lui plaisait et ce qui lui offrait moins de défi en matière de lecture.

En revanche, j’ai souvent observé des enfants de 5, 6 voir même 7 ans captivés par un imagier à toucher, ouvrage composé de plusieurs textures destiné également à la toute-petite enfance.

Ces observations me questionnent sur notre influence, en tant qu’adulte, dans ce plaisir qu’est la découverte d’un nouveau livre. Surtout, je réfléchis à l’importance de respecter le rythme d’évolution de chaque enfant en tant que lecteur.

Quelques suggestions :


Couleurs, Solotareff, L’école des loisirs, collection Loulou et cie.
( Dès la naissance)

Solotareff nous revient avec un album de photographies déclinées en de multiples coloris. L’auteur (illustrateur, photographe, cinéaste à ses heures) joue sur le cadre sélectionnant un détail plutôt qu’un autre. Les effets d’ombres et de profondeur fascinent les petits (et les plus grands, est-ce nécessaire de le répéter?) Le texte, loin de n’être qu’un simple reflet de la photo, provoque questions, réflexions, émotions, petipatapon. Euh, pardon.

Les chaussures, c’est comme on veut.
Le printemps, c’est blanc et rose et un peu vert.
Vert comme l’herbe.
La mer est grise…quand le ciel est gris.
(…)
Le raisin blanc, c’est vert.
Les crevettes roses, c’est orange.


Les animaux sauvages, François Delebecque, Les Grandes Personnes.
( Dès la naissance)

Cet album regroupe tout ce que les petits aiment : les contrastes, le noir et blanc, les animaux, les photographies et les volets à soulever jusqu’à ce que le sommeil s’en suive. Zzzzzz!

Un livre robuste ( bon, il a tout de même ses limites) où chaque page est composée de petite case. C’est à l’enfant à soulever les volets pour découvrir les animaux cachés. Un indice, cependant, pour aider : l’ombre de l’animal, dessinée sur le dessus du volet. Si certaines devinettes sont faciles à trouver, comme le zèbre ou la girafe, d’autres comme les watusis ou l’ibis rouge, nous font nous creuser les méninges.

Dans la même série : Les animaux de la ferme; Quel chantier!; Vroum! Vroum!; Fruits, fleurs, légumes et autres petites bêtes.


Le petit monde d’Elliott Erwitt, Elliott Erwitt, Tourbillon.
(À partir de 4-5 ans)

Je ne connaissais pas Elliott Erwitt. En lisant sur lui, j’ai appris que c’était un photographe américain né en 1928. Il a photographié tout plein de choses comme les chiens, les États-Unis, l’Europe et les enfants.

Dans ce livre, Erwitt nous livre sa vision toute personnelle et singulière de l’enfance en usant d’un humour qualifié d’ironique (la page couverture démontre bien ce propos).

Les photos en noir et blanc, prises pour la plupart dans les années 50 et 60, évoquent des moments tendres, drôles, touchants, ou encore embêtants. Un verbe accompagne une photo, mais pas n’importe quel verbe et n’importe quelle photo. Je pense à cette page où on associe le verbe sentir à une main usée par la vie tenant une menotte délicate.

Un album qui permet d’aiguiser le regard des petits sur différents moments du quotidien tout en les initiant à la photographie contemporaine.


C’est ma journée!: mon imagier
, Anne Sol, La Bagnole.
(Dès la naissance)

Voici un livre tout-carton aux coins arrondis, un imagier vibrant aux photographies empreintes de lumière et de chaleur. On le feuillette comme on parcourt un album de photos de famille.

Dans la même série : C’est ma couleur!, C’est le contraire!, C’est les vacances!

Encore quelques suggestions:


Bébés à croquer, Saxton Freymann et Joost Elfeers, Mila Editions.


Aujourd'hui je suis..., Mies Van Hout, Minedition.


Noir sur blanc et Blanc sur Noir, Tana Hoban, Kaleidoscope. (Dès la naissance)


Beaucoup de beaux bébés, David Ellwand, Pastel. (Dès la naissance)


Tout Noir, Annette Tamarkin, Les grandes personnes. (Dès la naissance)


Imagier à toucher, Pascale Estellon, Les grandes personnes. (Dès la naissance)

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En tant qu’animatrice littéraire, j’ai toujours installé sur mon tapis de lecture quelques imagiers. Malgré ça, je n’étais pas portée à les mettre à l’avant plan pour la simple raison que selon ce que j’observais et entendais, ce genre de livre n’avait pas besoin de « promotion » particulière. En effet, je constatais que très souvent, nous nous limitons qu’à des imagiers lorsqu’il est question de proposer des livres à la toute petite enfance (c’est-à-dire les 0 à 2 ans), alors que la fiction et les textes plus soutenus ont tout autant leur place chez les bébés (ça, ça sera le sujet d’un autre billet.)

Cela dit, il existe des petits bijoux d’imagiers qui ne demandent qu’à vivre entre les mains des petits…et des plus grands.

Voilà pourquoi, j’ai eu envie de proposer quelques titres coup de cœur. Il y en aurait bien plus, mais je vous invite à compléter par vous-même la petite liste présentée ci-dessous.

Qu’est-ce qu’un imagier?

Petit cours 101 de l’imagier.

Il est difficile de définir avec exactitude un imagier, mais question de se démêler un peu, on pourrait également qualifier l’imagier de documentaire. Très souvent (mais pas toujours), nous retrouverons un mot ou une simple phrase accompagné d’une image. Les thèmes abordés seront aussi vastes que les possibilités et les combinaisons le permettent. Par exemple : les émotions, les fruits et les légumes, les animaux de la ferme, de la jungle, de la ville (ben quoi, les ratons laveurs et les pigeons, alors!?), les instruments de musique, les vêtements, les couleurs, les contraires, alouette!!!!

Les imagiers aident à apprendre, non pas en reprenant textuellement ce qui a été vu à l’école, mais simplement en suscitant la curiosité et l’éveil des sens tout en permettant de nommer clairement leur environnement.

En feuilletant plusieurs de ces livres, vous remarquerez que les frontières entre la fiction et le documentaire tendent à s’estomper. Les artistes font preuve de sensibilité et d’une créativité débordante pour proposer des imagiers qui se rapproche du livre d’art. La dimension poétique, ou encore ludique, sera souvent au rendez-vous, soit dans le choix des illustrations ou encore du texte (ou les deux).

Question de s’inspirer un peu, je vous propose quelques suggestions :

Devant ma maison, Marianne Dubuc, La courte échelle :

( Dès 3 ans)*

Un petit album carré, facile à manipuler, que l’on peut raconter tout d’un coup ou s’amuser à feuilleter au gré des envies. Quelques pages ici et quelques pages là. Et hop! On laisse de côté, pour reprendre la lecture un peu plus tard. On y retrouve un mot sur une image dessinée au crayon de bois. Chaque image amène l’enfant à anticiper ce qui se trouvera de l’autre côté de la page. Quelques fois nous devinons (en plein dans le mille), alors qu’à d’autres moments, le récit nous surprend en nous amenant là où on ne pensait pas aller.

Au carnaval des animaux, Marianne Dubuc, La courte échelle :

( Dès 3 ans)

Le même principe que Devant ma maison est repris dans ce second imagier. Cette fois-ci, les animaux sont invités au carnaval, et pour ce faire, ils se déguisent en un autre animal. Ainsi, le chat se déguise en crocodile, le crocodile en dromadaire, le dromadaire en chameau (Pffft! C’est trop facile, s’exclame le chameau), le chameau se déguise en ours polaire, etc.

La collection mes petits imagiers sonores chez Gallimard jeunesse.

(Dès la naissance)

Une formule très simple : 1 mot + 1 image + 1 son = imagier sonore rigolo et captivant.

Chaque petit livre regroupe un thème comme les oiseaux exotiques ou les instruments pour ne nommer que ceux-là. On retrouve 6 images et 6 sons pour le plaisir des petits qui s’amusent à peser sur le petit bouton. Surtout, les sons proposés sont agréables à l’oreille, très réalistes et sortent, à l’occasion, des sentiers battus.

Vous connaissez, vous, le chant du Loriquet arc-en-ciel?

Potirons et cornichons, Nicolette Humbert, La joie de lire.

(Dès la naissance)

Superbes photos de légumes colorés qui nous donnent envie d’y croquer à belles dents. Les photos sont prises à même les jardins, tantôt de très près et tantôt de loin. De cette façon, on joue avec les perspectives et on permet d’observer les nombreux détails de ces petites merveilles de la nature. À la toute fin, une page avec tous les légumes aperçus au fil du livre vient résumer le tout.

Sous les étoiles et Qui où quoi? de Martine Perrin, Milan jeunesse.

(Dès la naissance)

Petits albums tout-carton aux illustrations contrastées et très graphiques, basés sur les découpes de pages. Ainsi, une page laisse entrevoir des éléments de la seconde. De plus, les petits pourront s’amuser à tourner les pages où bon leur semble, c’est-à-dire, par le centre ou les coins.

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La chouetteJe me présente Catherine D’Anjou, la chouette de La chouette et la renarde. Je suis animatrice de lecture auprès des tout-petits (et quelques fois des plus grands), de leurs parents, auteure et surtout mordue de littérature en tous genres.

Pourquoi un blog?

Pour partager ma passion de la littérature jeunesse. En toute simplicité, j’espère faire connaître plusieurs aspects de cette littérature, que j’estime, mérite mieux que le peu de place qu’on lui confère dans les médias. Je souhaite créer une plate-forme de partage où chacun pourra donner son opinion sur ce qui sera proposé à l’intérieur de ce site.

Pourquoi une chouette?

La chouette est le seul oiseau aux yeux noisette ce qui lui confère un regard triste et rêveur. Rêveur, certes, mais redoutable chasseresse quand il se doit. Avec sa tête capable de pivoter à 270 degrés et ses oreilles asymétriques lui permettant d’entendre tous les bruits, même les plus subtils, aucune proie ne lui échappe. Tout comme elle, nous serons à l’affût des nouveautés et des autres petits trésors cachés. De plus, comme bien des bébés (et leurs parents), les chouettes demeurent éveillées durant la nuit pour ne s’endormir qu’au petit matin.

La littérature et nos petites recherches nous apprennent qu’on prête à cet oiseau, selon les époques, une aura tantôt angélique, tantôt démoniaque. Gniac, Gniac, Gniac!

Il existe plusieurs espèces de chouette. Pour le plaisir des mots, en voilà quelques-unes : chouette hulotte, chouette tachetée, épervière, à lunettes, nyctale (minuscule), lapone, effraie.

La chouette effraie est à la base de plusieurs histoires et légendes de fantômes. Ses chuintements, ses cris stridents et ses escapades dans les greniers y sont sûrement pour quelque chose. Cette chouette a même donné son nom à un conte des Frères Grimm, La chouette.

Cet oiseau de sagesse/oiseau à lunettes qui veille tard a aussi été donné comme surnom à une certaine élite intellectuelle française qui aimait avoir le nez dans ses livres.

Pour une passionnée de littérature, ça tombe bien.

Quelques suggestions de lecture :

Bébés chouettes, Martin Waddell.

Hou! Hou! Jean Maubille.

Pas content, Delphine Chedru.

Chut un petit dort ici, Jeanne Ashbé.

Oulibouniche, Lynda Corazza.

Les sciences naturelles de Tatsu Nagata, La chouette, Dedieu.

Chouette, Éruc Battut.

Chouette, Carl Hiaasen (roman).